jeudi 31 mai 2007

Partage coup de coeur !



Message important !
Ne ratez pas sur vos écrans ce film, que j'ai eu le bonheur de voir sur place, là bas,
Et qui est un petit bijou !
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Petit budget, gros talents
Savez-vous que la majorité des comédiens sont des amateurs, habitants du village ?
Ce village où chaque année ont lieu des rencontres internationales de théâtre sous les chataîgners, qui drainent des passionnés de tous âges, de tous horizons...
Cet endroit est un petit paradis...corse
Dans ce film, les corses parlent des corses !

L'interview du réalisateur :

CULTURE POPULAIRE…

« À l’origine, il y a les Rencontres Internationales de Théâtre en Corse que j’ai initié en 1998 pour développer la création et l'imaginaire dans un village de montagne enclavé, progressivement déserté par ses habitants. Par bonheur, par miracle peut-être, ces rencontres ont engendré une bonne centaine de créations théâtrales et rallié des milliers de personnes.

Dans ce film, j’ai souhaité continuer l'aventure en donnant la parole aux habitants, en les filmant dans leur quotidien et leurs rêves, pour mettre en valeur leur sincérité, leurs coups de gueule et leur timbre de voix. Pour moi, c'est à cela que renvoie la notion de « culture populaire », à la capacité de chacun de créer, mais surtout d'être l’artisan de sa propre vie, de cultiver et d’affirmer son identité. Je suis moi-même issu de cette culture qui s'éloigne des sentiers battus et permet d'envisager des représentations du monde que les médias ne nous donnent pas l’habitude de voir.

J’ai donc mis en place un atelier d'écriture, dirigé par Ricardo Montserrat qui a fait naître la matrice du scénario. C'était la meilleure façon de faire exister le projet à partir du territoire.

Ce qui m’a plu dans la proposition qui a été faite, c'était d'adopter le point de vue d'un vieux maire qui a toujours été à la lisière de l'illégalité, et qui cherche à se racheter en construisant un théâtre. Le début d’une farce en somme, pour mieux parler d’une situation réelle : l’enjeu que peut représenter la culture, (ici la construction d’un théâtre) dans une campagne en voie de désertification.

Ensuite, Jean-Bernard Pouy, grand amoureux de la Corse, a apporté un regard extérieur à la matière écrite collectivement, et nous a permis de structurer la narration pour donner son rythme au film. »

Robin Renucci

LE TON DU FILM, LA FARCE…

« Je souhaitais que le film puise dans l'histoire symbolique et mythologique de la Méditerranée et, peu à peu, je me suis éloigné de tout réalisme, en comprenant que même si j'abordais des sujets bien réels, ils se dérouleraient dans un contexte absurde proche de la farce.

Certains plans sont décadrés pour souligner l'étrangeté, je me suis amusé à aller à rebrousse-poil de toute tentation esthétisante et quand on entend un personnage dire « C'est le plus beau paysage du monde », on ne le voit pas ! C'est plutôt le grain de la peau, le timbre des voix et l'émerveillement des êtres qui créent la vraie beauté. D’où la préférence donnée à des focales courtes pour que les visages soient très présents.

Il fallait une farce pour raconter sans pleurer les ravages que font le mensonge, la corruption, l’autisme des administrations, l’égoïsme des gens de pouvoir. Inspiré de la Commedia dell'Arte italienne, des divertissements iconoclastes de Goldoni, des comédies grinçantes de De Filippo, Sempre Vivu ! est fondé sur de vrais mensonges, de fausses vérités, des malentendus qui n’en sont pas, des non-dits assourdissants. De tout temps, ces comédies ont fait rire aux larmes les peuples bafoués de la Méditerranée. Ce n’est pas un hasard si le maire s’appelle Pantaléon, si le gendarme mange son képi, si les hommes y sont bêtes et les bêtes plus sages que les hommes.

Quand j'ai appris que des gendarmes s'étaient déguisés en nationalistes pour mettre le feu à une paillote, cela m'a fait penser à du grand guignol ! La scène du film où le gendarme, campé par Wladimir Yordanoff, est poussé par sa mère à se déguiser comme son père n’est, paradoxalement, pas si extravagante que ça….

Par le choix de la comédie « à l'italienne » qui déplace la Corse un peu plus à l'Est qu’habituellement, j’ai voulu distiller une humeur de « joyeux bordel ». Une dimension baroque, proche de l'Europe centrale, et tzigane. D’ailleurs, les sonorités très anciennes de vieille et de guimbarde, font partie du patrimoine de l'île. »

Robin Renucci

LES PERSONNAGES, LES FIGURES…

« Pour moi, le personnage central, c'est la mère. C'est une petite femme méditerranéenne, dont la puissance vocale l'impose immédiatement comme une Agrippine de farce : son nom, Lellè, sonne comme une note de musique. À ses côtés, Ange, son mari, m'a été inspiré par un personnage que j’ai connu : un être fantasque qui a fréquenté les music-halls de Paris dans sa jeunesse, avant de partir au Tonkin. Le fils aîné est un haut fonctionnaire sans grand charisme qui s'est toujours opposé à son frère, chevrier traditionaliste, qui tient au développement local de l'île, mais qui ne comprend pas du tout sa fille.

Je me suis inspiré de la mythologie qui va d'Etéocle et Polynice, les frères parricides, à Antigone... Mais pour autant, il n'y a jamais de véritable haine au sein de la famille : chacun cherche sa place en réalité, à l'image du fils cadet par rapport au fils aîné.

Je rajoute volontiers à cette galerie de personnages, les animaux, qui sont très présents... C'est comme cela que j'ai vécu quand j'habitais le village, enfant, environné de poules et de chèvres ! Cela renvoie aussi à ma passion pour la Commedia dell'Arte. Leur présence permet de se repérer dans cet univers où règne l'irrationnel : c’est parfois en suivant la trajectoire de la poule que le spectateur comprend mieux ce qui est en train de se passer.

Ce qui m’importait c’était de rendre l’espoir au peuple, de lui redonner sa langue, sa culture, son corps et de réconcilier l'irréconciliable : les frères ennemis, la vie et la mort, les jeunes et les vieux, le vrai et le faux, les modernes et les anciens… Et pour finir, d'imaginer un avenir vivant et joyeux. »

Robin Renucci









1 commentaire:

Petites histoires infinies