mercredi 6 décembre 2006

2 ans déjà...

Ecrit il y a 2 ans, déjà...

ESPERANCE
Tiens, elle est arrivée.
Depuis plus d’un an j’arpentais tous les matins vers 9h la moquette bleu sale du couloir étroit qui me conduit à ce bureau, mal éclairé.
Je partageais les lieux avec deux autres martiens, résistants à tous concepts de plate-forme, et qui avaient gagné à force de souplesse et d’adaptation le privilège de leur relative indépendance
Ils étaient en « couple » depuis quelques années, partageant leurs journées, leurs humeurs, leurs manies, leur folie.
Ils m’ont vu débarquer un jour avec une bienveillance un peu méfiante,
J’avais pris l’habitude, de travailler dans le silence de mon petit bureau, en presque toute indépendance, un peu comme une orpheline en visite.
On m’avait conseillé d’arriver sur la pointe des pieds, et de me faire toute petite, au moins au début.
Je chausse du 41 et mesure tout de même 1m74
J’ai bien essayé la discrétion, mais ce n’est pas ma qualité principale.
Nous nous sommes reniflés un temps et quelques maladresses plus loin et un peu d’intelligence, nous étions apprivoisés.
Ces deux là me sont doucement devenus familiers.
Si j’avais un bon coup de crayon, je le dessinerai un peu comme un crâne d’œuf, avec un ressort sous les fesses. et une maîtrise instinctive du téléphone, jusqu’à la fuite.
Dring !! « où il est ? il était là il y a 10 secondes, je l’ai pas vu partir »
Je ne l’ai jamais entendu lâcher un interlocuteur, avant de l’avoir rallié à sa cause.
Sa soupape ? la fenêtre, avec prise directe sur le grand hôtel d’en face.
Elle est une lève tôt.
Quand j’aborde le couloir vers 9h30, elle a déjà marqué le terrain : un parfum très léger, à peine perceptible, flotte et je la reconnais sans l’avoir vue. Tout va bien, chaque chose est à sa place.
Il se dégage de sa personne une discrète énergie positive et bienveillante qui la rend sécurisante, confortable et finalement, indispensable.
Pourtant je l’ai rarement vue sourire, souvent rire et grimacer
Aucune plainte ou alors vraiment…
« T’inquiète pas »
Et en effet, pas d’inquiétude, elle veille
J’ai découvert son secret un beau jour d’Octobre, alors que nous fêtions à grand renfort de costumes d’époque la naissance de ces lieux.
Cette envie de délirer par-dessus tout, m’a laissée sur le cul !
Cette grand-mère avait donc une âme de petite fille !
J’aurais dû m’en douter à son incapacité à résister aux sucreries, quoiqu’il en coûte…
Aujourd’hui ?
J’aborde le couloir vers 10h et je ne sens plus rien.
J’allume les 3 ordinateurs.
Le téléphone joue les métronomes
De temps en temps, une visite, un sourire, un peu de chaleur.
« Monsieur L ? : Il est absent pour quelque temps »
« Non, Claude R est décédée »
Et ces bonbons qui n’en finissent pas…

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